Extrait R.Dumoux www.viapictura.com
FLUXUS
Il y a 50 ans, (à partir de 1950) naissait un mouvement développant de nouvelles attitudes en art. S'expriment alors des théories, un journal, des éditions-diffusion,
descriptions d'oeuvres et des expositions.
Cela ne paraissait pas devoir être un intérêt durable car il s'agissait d'un groupe très disparate avec des oeuvres éphémères, bon marché, marginalisées. De plus tout paraissait
inorganisé face au Pop Art, au Nouveau Réalisme ou au minimalisme soutenus par galeries et institutions.
Fluxus est un désordre radical décourageant. Les leader furent : Maciunas , Higgins , Vostel. mais les membres restaient très indépendants. Dans ce
mouvement il n'y a pas de leadership, pas de stratégie bien nette. Tout semble inopérant. et l'observateur est embarrassé devant le manque d'information. Et puis la littérature
de Fluxus est le plus souvent un discours de la faillite du discours ! ! ! On ne parvient pas à trouver une définition.
Cependant on peut se mettre d'accord sur une suite de noms et d'évènements tels en 1962 la rencontre de Ben Vautier et Maciunas ou trouver les éditions de
Fluxus ou encore la tournée européenne des festivals en 1962. Cependant dans ces récits il y a des éléments contradictoires.
Pour tenter de définir Fluxus : il ne s'agit pas d' un mouvement artistique au sens habituel mais d'une sorte de réponse à un besoin, à des besoins disparates. On y recherche à définir des
attitudes nouvelles vis à vis de l'art.
Le fonctionnement de Fluxus repose sur la monstration, l'édition, la diffusion et la critique de l'histoire. Fluxus produit un nombre considérable de textes d'artistes.
PostFace est le texte fondateur (1964) et l'auteur est Dick Higgins qui a cette maison d'édition créée dans ce but.
Dans ce texte sont analysées les activités des néo-avant gardes, puis une série de biographies individuelles sont traitées. L'auteur décrit les événements Fluxus en Europe, un journal de
voyage et des considérations sociales. Il souligne l'enseignement de John Cage. Il parle aussi de la querelle entre Maciunas et Vostell.
Higgins inscrit Fluxus dans un cadre américain. Postface est comme une conclusion qui dit que l'expérience collective commencée en 1958 s''achève. Aussi, il appelle à un
réinvestissement dans les pratiques de chacun comme maturation. D'autres articles furent publiés par Fluxus en 1970 et 1980 avec aussi des catalogues
d'expositions. Par ce biais on parvient à un meilleure homogénéité de la démarche de Fluxus. Surtout à partir de l'exposition de Cologne en 1970 et en 1990 avec le catalogue de la
Biennale de Venise.
A remarquer que les initiatives pour ces publications appartiennent aux artistes. Ils produisent directement du producteur au consommateur. Les artistes dépossèdent les historiens et
s'approprient des outils du commentateur.
LES ARTISTES ET LES OEUVRES.
Ben Vautier s'expose comme objet d'art dans une vitrine à Nice.
Nam June Paik se montre en violoncelle humain et Charlotte Moorman est la musicienne avec son archet.
Yoko Ono, vêtue de noir invite les spectateurs à monter sur son estrade pour découper des morceaux de son vêtement. Cette action fut reprise récemment.
Il s'agit d'expression directe et immédiate. Ce sont des jeux de mots ou parfois des calembours saugrenus et il faut mettre è l'épreuve le spectateur. Les artistes de
Fluxus cherchent à sortir la création du circuit économique classique et le geste devient une expression de la liberté de l'esprit. On veut aussi court-circuiter la chaîne
commerciale en changeant les lieux d'intervention et les modes de production ou de présentation.
Pour Fluxus il s'agit de court-circuiter la chaîne commerciale et le objets fluxus sont fabriqués à la demande.
Le fonctionnement est ainsi :
- Utilisation de l'art postal: en faisant circuler dans le monde des cartes postales des collages, paquets surprise.
- On produit aussi de multiples publications de livres d'artistes, de revues de catalogues; qui peuvent remplacer la production plastique.
- Une boutique galerie est ouverte à Villefranche sur Mer par Robert Filliou et George Brecht ; on y produit des poèmes, des objets, on parle, on fait des jeux, des rebuts
etc. Ce sera " la cédille qui sourit"
Fluxus reste un Mythe. Des créateurs actuels s'en réclament encore. Ce sont certains artistes pour qui les incidents banals de la vie courante, les jeux ou l'humour, font partie
de la scène artistique.
Mais aussi, Fluxus signifie : le flux, c'est le flot, la Vague, la Naissance, l'eau qui jaillit, le monde sous
marin infini, ou encore la conque et le bénitier.
En effet, pour mon travail, une création va naître. Une toile de 5 mètres x 3 dont la composition déjà s'ébauche dans ce rêve de la vie qui nait , se renouvelle en permanence.
Première pensée : Quelques lignes courbes et ondoyantes suggèrent au centre de la composition : une figure féminine, une naissance et une conque ou coquille St Jacques géante d'où jaillit l'eau. Alentour, le paysage environnant représente l'abysse des mondes sous marins avec son obscurité prégnante et ses organismes et animaux multiples, ou peuples de méduses, coraux, pieuvres ou encore animaux aux formes extravagantes, transparents, translucides. Des créatures abyssales aux couleurs intenses, bio-luminescentes et aussi armées de photophores qui créent une lumière comme des phares.
Tout cet univers, le plus grand espace terrestre de vie, fascine dans sa noirceur impénétrable.
R.Dumoux
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