NEO CLASSICISME ET ANTIQUITE
Un article précédent traitait de l'héritage classique aujourd'hui. Mais qu'en a- t-il été de l'héritage classique au 18éme, au delà de l'anticomanie ?.
Si les renaissances classiques dans les siècles précédents semblent claires, au 18éme tout semble plus complexe et diverses notions importantes apparaissent tel le sublime avec la présence de personnages d'une grande importance. C'est l'objet du présent article.
- Certaines figures sont incontournables tels le comte de Caylus,, Winckelman et les peintres Raphael Mengs, Vien, Hamilton et encore les peintres appelés "Nazaréens" à Rome (Overbeck, Cornelius, Pforr ) ou encore des peintres du Sublime tels Bejamin West ou Fussli.
- Le Comte de Caylus fut un érudit et un amateur d'antique : il fut engagé dans des recherches archéologiques et dans des débats importants au sujet de l'antiquité.. Il publia 7 volumes de recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, gauloises. Il donne des conférences sur l'art de l'Antiquité. D'autre part le comte de Caylus fait des commandes à des artistes, des commandes directement inspirées de l'antique. Par exemple le peintre Joseph Vien est sollicité pour la recréation de peinture antique à l'encaustique.
Le comte de Caylus s'intéressait aux textes de Pline relatif à la technique des peintres et il fit réaliser à Vien une tête de Minerve à la cire. Il fit aussi réaliser un ensemble mobilier à la grecque inspiré du vocabulaire ornemental antique.
- Winkelman qui s'impose dans le monde de l'antiquité à Dresde publie "Pensées sur l'imitation des oeuvres grecques en peinture et sculpture" Il commande des copies de statues antiques. Le peintre Mengs originaire aussi de Dresde, adapte son style à la grandeur et à la sérénité olympienne. il peint un plafond à fresque: le Parnasse, Apollon au milieu des Muse sur le Parnasse.
Mengs et Winckelman eurent beaucoup d'influence sur les artistes de l'étranger et surtout anglais. Par exemple le peintre anglais Hamilton fait du commerce avec le résultats de fouilles et peint aussi un cycle de peintures inspirées de l'Iliade. Poussin Greuze ou Fragonard seront aussi influencés par cet esprit dans certaines oeuvres.
Anton Raphael Mengs "Le Parnasse"panneau central du plafond de la galerie de la Villa Albani à Rome,
peint à fresque (1760)
Cependant cette tendance forte de Winkelman, ce grand classicisme de l'imitation des oeuvres grecques fut en 1810 refusé par des artistes allemands à Rome : les Nazaréens tels Overbeck, Pforr ou Cornelius.. Ces artistes de même que les Préraphaélites recherchent plutôt l'idéalisme et l'inspiration.
Egalement à l'opposé du classicisme à l'antique on voit apparaître les prémices du Sublime, avec des artistes très importants. Cela se développe surtout en Angleterre. Ainsi Benjamin West formé à Rome auprès de Mengs réalise de nombreuses peintures d'histoire édifiantes et ainsi dépasse les idéaux de grandeur et de sérénité de Winckelman.
D'autre part il y eut James Barry qui recréa une oeuvre grecque de Parrhasios. Ce peintre créé l'apothéose du vertige et de la terreur dans le sens de l'esthétique du Sublime, inspirée du philosophe Edmund Burke. Cette philosophie du Sublime s'attache moins à la perfection olympienne de l'antique mais préfère le frisson des gouffres et de l'obscurité. Ainsi sur les ruines de l'antique on édifie une Esthétique Nouvelle.
Le peintre Fussli exalte cette esthétique dans le sens de la démesure et de la désespérance. Tendance qui est dépouillée de l'idéal de Winkelman. Il y eut également le peintre Peyron qui associant Poussin à l'antique s'inspire de sujets dans les tourments et dans les geôles. Citons de lui la mort de Socrate ou les funérailles de Miltiade.
On connait aussi de David "Bélisaire" général déchu mendiant, que son soldat veut réhabiliter. Et avec le Serment des Horaces malgré l'austère construction à l'antique, David met en lumière une morale destructrice, car il y a une ambiguité trouble dans ce combat des Horaces et des Curiaces. Les 3 Horaces doivent combattre les 3 Curiaces mais ils sont alliés par le sang.
Ces quelques exemples prouvent que ce ne sont plus les Lumières sociables et altruistes mais c'est maintenant l'annonce de temps plus sombres et à partir de ce moment va se développer le frisson du Sublime.
Jean-François Pierre Peyron : Miltiade : Les funérailles de Miltiade - Vien - Musée du Louvre
Ainsi l'héritage classique au 18éme s'exprime d'abord d'une façon parfaitement fidèle à l'antique, avec des personnalités de 1er plan et des penseurs comme Winkelman. Cependant tout en perpétuant des figures et des thèmes à l'antique il se produisit une sorte de dérive, une autre expression orientée vers les tourments de l'âme et un certain romantisme jusqu'à l'expression du Sublime.
R.Dumoux
www.viapictura.com