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Le corps dans la peinture.

Confronté au métier de la peinture dont il a été question dans un article précédent, il faut envisager les genres picturaux qui peuvent être pratiqués.

De l'abstrait  au paysage, de la nature morte à l'art animalier, ou encore de  la figure, aux compositions historiques ou au portrait, nous verrons l'importance de la composition figurative à des périodes majeures de l'histoire de l'art et en particulier le rôle du corps dans la peinture.

Ces réflexions sont en rapport avec l'ensemble de mon travail, qu'il s'agisse des dessins, des panneaux a tempéra ou des grandes toiles du pictorama.

Historiquement, il est possible de considérer l'évolution de la tradition figurative depuis l'art antique jusqu'à l'époque moderne ; la Renaissance paraissant  comme un moyen terme entre les deux.

Ce premier article sur le corps dans la peinture se rapporte à la Renaissance.

On pense bien sûr à la dissection,  aux dessins de Léonard de Vinci et aussi, à l'archéologie qui a fait découvrir l'art antique que l'on a imité dans la représentation des corps. On imagine Michel Ange découvrant le Laocoon.
La maîtrise de la figuration du corps est une conquête de la Renaissance, par l'observation de la nature empirique et aussi par l'imitation de l'art antique.
(La représentation médiévale était  abstraite et conceptuelle, à l'écart du naturalisme et de la perspective.)
Mais cette assimilation de l'antique ne modifie pas vraiment le rapport au corps qui reste ambivalent.
A la renaissance, le corps demeure un modèle à l'image de Dieu (réceptacle de l'Esprit Saint) Mais il est aussi marqué du sceau indélébile du péché.
(La plupart des prédicateurs des ordres mendiants prêchaient la macération des corps et la mortification de ce corps qui était suspect et pouvait receler des instincts dangereux)

On observe donc une tension très marquée entre le néo-paganisme et l'enseignement chrétien. Tension caractéristique de la Renaissance.
Ces deux types de représentation du corps sont souvent associés dans les tableaux.
 Par exemple la figure impassible du Sauveur ou de Saints présente un corps esthétique qui est une adaptation et une moralisation du corps païen. Alors que d'autres personnages sont plein de vitalité et presque d'une exubérance animale, dans la matière de leur corps.
Telle est cette dualité du nu à la Renaissance.

Quelques peintres majeurs de cette époque sont à citer: Luca Signorelli, Verrochio et les frères Pollaïolo qui produisent des nus masculins très énergiques. Les exploits d'Hercule de Pollaïolo et les "combats d'hommes nus" sont remarquables et fournissent une gamme, un répertoire du corps en action.
Ces compositions de la Renaissance sont des peintures d'histoire qui accordent le primat à la figure et au corps.
A cette époque le corps est l'objet d'une effervescence intense et générale.
Il faut évoquer les oeuvres de Giorgione, de Tintoret, l'Adam et Eve de Dürer, l'humanité de Michel Ange.
Le corps est le lieu privilégié de l'imagination: observation et fantasme se combinent.
Velasquez,Guido Reni ou Rubens créent les grands poêmes du corps, après avoir hérité d'un fond gréco-romain et d'une pensée judéo-chrétienne.
Au delà du fond gréco-romain,dans le christianisme il y a la question de l' incarnation.( le corps est temporel et susceptible de déchéance.)
Mais il est aussi le souvenir de l'apparence de Dieu;  apparait le dogme de la Résurrection. Ce dogme conduit à l'idée de corps glorieux qui échappe à la corruption.
Cela se retrouvera dans la conception du nu idéal et de belle nature dans l'art depuis la Renaissance .

Dans un prochain article, il s'agira d'approcher les sources antiques de cette notion du corps dans l'art et aussi de voir quelle évolution s'est effectuée plus tard, au 19ème siècle.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Tag(s) : #Le corps dans la peinture
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