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Nous l'avons vu, la mise en scène des monstres a disparu pour laisser la place au soutien médicalisé de la difformité, le monstre en tant que tel n'étant plus qu'un simulacre de divertissement.
En outre, en prolongement de la médicalisation, toutes les anomalies du corps ont fait l'objet d'un immense effort de correction et de normalisation au cours du 20ème siècle.
 
(Dans le domaine de l'anomalie on peut distinguer plusieurs aspects:
les monstruosités du corps, les tares du caractères et les distinctions tribales de la race et de la religion.)

On assiste à une banalisation :
Les distinctions vont s'estomper entre difformités physiques et anomalies psychiques ou de races.
Le handicap est maintenant partie intégrante de toute condition humaine, il est une caractéristique du cours de la vie.
En 2001, 40 millions d'américains souffrent de déficiences physiques ou psychiques. Le corps anormal se convertit en corps ordinaire et on banalise et gomme les stigmates qui différencient. (On ne dit plus un nain mais une personne de petite taille)
La difformité est dissolue dans la multiplication des différences.

D'autre part, le progrès de la science, de la génétique permet de déceler la monstruosité en germe et les techniques de visualisation in utéro repèrent les difformités.
On va multiplier et sophistiquer les prothèses pour pallier à un nombres croissant de défaillances. On pratiquera aussi des chirurgies réparatrices pour des monstruosités lourdes.

D'autre part, l'art d'effacer les difformités légères est vraiment en expansion.
Le souci de soi, de son apparence, va se généraliser dans le sens d'une rénovation corporelle.
La chirurgie esthétique se développe et on parle beaucoup des imperfections du corps pour y remédier, pour améliorer l'aspect d'un visage. On réécrit une norme corporelle, d'autant que l'individu se croit difforme (on parle de dysmorphophobie)  et demeure en quête permanente d'interventions chirurgicales.
Il s'agit là maintenant des pathologies de l'hypernormalité.

On peut ajouter aussi que la bio-technologie peut prendre en compte la transformation du corps. La consommation de stéroïdes, le dopage et surtout le body-buiding contribuent à construire un homme nouveau qui s'apparente parfois au monstre mais témoigne néanmoins du désir de l'homme de transformer son corps.

On dépasse l'esthétique et on veut inventer de nouvelles formes de beauté.
Et cela d'autant plus, qu' il existe des moyens performants pour lutter contre l'âge et le vieillissement. Comme l'a écrit Foucault: on peut sculpter sa statue. (Ce qui évoque aussi les interventions chirurgicales  de l'artiste Orlan sur son corps, les self- hybridations.)

L'homme du passé, catalogué selon les âges, et sujet aux difformités et maladies récurentes, peut sembler obsolète et la marche de l'humanité semble se faire en direction d'une recherche de nouveaux canons et de la recherche d'un rêve de l'immortalité.

R.Dumoux
www.viapictura.com

Tag(s) : #Répertoire iconographique
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